Droit à l’éducation : une chimère pour les enfants les plus vulnérables

Crédit photo : Vanessa Martin

Bien que garanti par la Convention Internationale des Droits de l’Enfant depuis sa ratification par plus de 192 États il y a trente et un ans, le droit à l’éducation est aujourd’hui encore refusé à plus de 258 millions d’enfants parmi les plus vulnérables au monde. Une honte alors que nous célébrons demain la 31ème Journée des Droits de l’Enfant.

258 millions d’enfants n’ont pas accès à l’éducation aujourd’hui. Suite à la pandémie de la COVID-19, 24 millions d’enfants supplémentaires risquent d’être déscolarisés en raison de la pauvreté. 195 pays ont pourtant ratifié la Convention relative aux Droits de l’Enfant, qui garantit, entre autres, le droit de tous à une éducation de qualité (art 27 et 28). Mais alors qui sont-ces enfants privés d’école? Où vivent-ils ? À quoi ressemble leur quotidien ? Pour quelles raisons sont-ils aujourd’hui encore coupés d’une éducation primaire et secondaire ? 

Des enfants privés du droit d’éducation

Il n’y a malheureusement pas de réponse unique, sans quoi la solution serait évidente et facile à appliquer. Ces enfants, généralement parmi les plus pauvres du monde, vivent principalement en Asie du Sud et en Afrique Subsaharienne. Sur le chemin de l’éducation, ils cumulent obstacles et handicaps. Leur famille n’est pas seulement  trop pauvre pour payer les frais de scolarité ou trop éloignée de l’école, ces enfants sont aussi issus d’une minorité ignorée du reste de la population, parlent une langue autre que la langue officielle d’enseignement, ils sont atteints d’un handicap pour lesquels enseignants et écoles ne sont pas préparés, ils vivent dans des pays en proie aux conflits ou à l’insécurité ou bien, elles sont nées filles, et portent, en plus de toutes ces barrières, le poids de leur sexes et des obligations (mariages, familles..) qu’on leur a arbitrairement imposées. 

En Inde, 15 millions d’enfants déscolarisés pour suivre leurs familles

Prenons par exemple le cas de Sushil, un jeune indien d’une dizaine année à peine. Ses parents ont dû quitter leur village natal pour trouver de petits boulots dans la périphérie de Dehli. L’urbanisation, comme dans toutes les mégalopoles indiennes, y est très forte et les emplois dans le secteur de la construction ne manquent pas. À condition bien sûr d’accepter de vivre dans des logements insalubres, sans nourriture,  sans hygiène, sans accès aux soins,  sans école pour les enfants et de s’exposer à la violence et à l’insécurité pour ne gagner que quelques pièces par jour pour des dizaines d’heures de travail… Ces conditions sont inhumaines bien sûr, mais quand il n’y a pas d’autres solutions pour survivre et sauver sa famille, on n’a pas véritablement le « choix ».  

Des États qui ne respectent pas leurs engagements

Ils sont en Inde près de 100 millions de parents, comme ceux de Sushil, forcés de déscolariser leurs enfants pour continuer à gagner un peu d’argent. Près de 15 millions d’enfants vivraient ainsi sur les chantiers de construction, occupés à se garder les uns les autres en l’absence des parents, sombrant progressivement dans le vol ou la délinquance, ou mis au travail de force pour gagner un peu d’argent supplémentaire. En dépit de la ratification par l’Inde de la CIDE, en dépit de l’adoption d’une loi rendant obligatoire l’éducation pour tout enfant de 6 à 14 ans, le droit à l’éducation reste pour les enfants les plus vulnérables une chimère. L’Inde est loin d’être le seul Etat à ne pas respecter ces engagements et obligations. En Afrique Subsaharienne, ils sont 12 millions à ne pas être scolarisés. En France, ils sont près de 100 000. 

Handicap : 1 obstacle majeur !

Dans le monde, les enfants en situation de handicap paient un tribut relativement lourd. On estime qu’un sur deux n’est pas scolarisé dans les pays à faible et moyen revenu. Bien sûr, lever l’ensemble des obstacles pour permettre à ces enfants d’aller à l’école est un véritable challenge. Pour un enfant pauvre, en situation de handicap, vivant éloigné de l’école au sein d’une minorité ethnique, ce n’est pas un mais quatre problématiques qu’il faut résoudre en même temps pour leur ouvrir les portes de l’école : supprimer les frais de scolarité, fournir uniforme et matériels scolaires, trouver un moyen de déplacement fiable et sans danger, proposer un enseignement dans sa langue natale ou a minina bilingue pour lui permettre de suivre les enseignements, et l’accueillir dans une école inclusive avec matériels adaptés et professeurs qualifiés… Autant d’initiatives qu’Aide et Action développe dans le cadre de ses projets dans le but d’accompagner tous les enfants sur le chemin de l’école. 

Mais alors que faire ? 

En Inde, par exemple, notre association construit des centres d’accueil et d’apprentissage sur les chantiers de construction où travaillent les  parents afin de les inciter à scolariser leurs enfants et éviter toute mise au travail forcé. C’est notamment grâce à l’un de ces centres que Suhil a pu rentrer avec ses parents dans son village natal en fin d’année scolaire et reprendre ses études comme s’il n’avait rien manqué de l’année scolaire. Mais l’engagement d’Aide et Action ne vise pas seulement à garantir le droit à une éducation de qualité. Nous tentons également de faire reconnaître aux décideurs politiques les responsabilités qui leur incombent face aux jeunes en difficulté et d’obtenir leur appui pour que les enfants voient l’ensemble de leurs droits respectés. Notre projet en Inde a ainsi permis aux enfants des chantiers de construction de recevoir un repas chaud par jour, d’avoir accès aux soins et à des conseils d’hygiène, et aux parents de bénéficier de conseils à la parentalité afin de renforcer la protection des enfants…Nous nous associons également avec d’autres organisations de la société civile et acteurs de la protection de l’enfance pour faire évoluer les politiques publiques et demander une mise en application des droits de l’enfant tel qu’exposés dans la Convention relative aux Droits de l’Enfant.

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