La COVID-19 peut-elle nous apprendre comment développer une éducation d’urgence plus inclusive pour les enfants en situation de handicap ?

Crédit photo : Christine Redmond

Au Cambodge, avant la COVID-19, un enfant handicapé sur deux n’était pas scolarisé. Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, nous espérons que la pandémie actuelle offrira l’occasion de repenser une éducation d’urgence davantage inclusive. 

Environ 80% des personnes handicapées vivent dans des pays en développement où l’accès à l’éducation est un défi permanent. Les fermetures d’écoles en raison de la pandémie de COVID-19 risquent d’exacerber les inégalités existantes. C’est ce que constate l’enseignante Chea Seiha, au Cambodge.

Avec le soutien d’Aide et Action et de l’ONG locale Rabbit School Organization, Seiha a suivi une formation d’enseignante pour enfants en situation de handicap il y a quatre ans. Avant la pandémie, elle enseignait à ses élèves quatre heures par jour dans une école publique de Siem Reap, dans le nord-ouest du Cambodge.

En mars 2020, les écoles du pays ont fermé et les enseignants comme Seiha ont dû s’adapter rapidement pour répondre aux besoins de leurs élèves. Seiha a commencé à se rendre de maison en maison pour enseigner à ses élèves. Mais, selon elle, les réponses éducatives déployées pendant la COVID-19 n’ont pas été suffisamment inclusives pour soutenir l’apprentissage de ses élèves.

Les défis de l’apprentissage à distance

Chacun des 12 élèves de Seiha a reçu deux heures d’éducation individuelle par semaine, et les enfants les plus gravement handicapés en ont reçu trois. Mais, comparé à ce qu’ils recevaient habituellement, ce n’était pas suffisant. « Je n’avais qu’une heure par élève, c’était trop difficile. J’avais trop d’étudiants et pas assez de temps », regrette l’enseignante.

À l’instar de nombreux pays à travers le monde, des programmes d’apprentissage à distance ont été lancés pendant les fermetures d’écoles via la télévision, la radio et les réseaux sociaux. Cependant, de nombreux étudiants de Seiha, n’avaient pas accès à cette technologie en raison de leurs conditions économiques, mais ils ne pouvaient pas non plus suivre les programmes puisque ceux-ci n’ont pas été conçus pour les enfants handicapés.

Pour résoudre ce problème, Aide et Action, en partenariat avec Rabbit School Organization, a développé une série de contenus en ligne pour apprendre aux parents à enseigner aux enfants handicapés à la maison. Conscient que l’accessibilité d’un tel contenu dépend de la capacité des parents à disposer d’un appareil pouvant se connecter à Internet, Aide et Action a également aidé les enseignants à imprimer des documents pour soutenir l’apprentissage à domicile et à les diffuser lors des visites à domicile.

Un retour à l’école difficile

En octobre 2020, l’école de Seiha a rouvert. Mais, comme elle le craignait, la réadaptation s’est avérée difficile pour ses élèves. «Je dois reprendre les leçons que j’enseignais avant la COVID-19 car les enfants ont tout oublié», constate-t-elle.

De plus, plusieurs de ses élèves n’ont pas souhaité retourner à l’école car les sept mois de fermeture les ont isolés socialement et ont réduit leurs capacités à communiquer avec les autres. «Je dois stabiliser les émotions des enfants et les faire se sentir mieux avant de pouvoir commencer à enseigner », précise Seiha, ajoutant que les méthodologies adaptées qu’elle avait apprises, telles que la décoration de la salle de classe et l’utilisation de jouets pourraient l’aider à y parvenir.

Une fin d’année scolaire brutale

Malheureusement, la réintégration des enfants à l’école a duré un peu plus d’un mois seulement, car la COVID-19 a, une fois de plus, entraîné la fermeture d’écoles dans tout le pays. En novembre 2020, le gouvernement a annoncé la fin brutale de l’année scolaire conformément aux mesures de prévention.

L’impact des fermetures répétées comme celle-ci sera probablement pire pour les élèves fragiles comme ceux de Seiha car le fait d’être en situation de handicap et issu d’un milieu socio-économique défavorisé présente un risque plus élevé de décrochage scolaire.

Nous espérons que la pandémie sera l’occasion de repenser la manière dont la planification de l’éducation d’urgence peut inclure les enfants en situation de handicap et comment les leçons apprises cette année peuvent éclairer les réponses à l’avenir.

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