Accompagner les menstruations des filles pour renforcer leur assiduité en classe

Crédits photos : Action Education

500 millions de filles et de femmes dans le monde ne disposent pas des ressources nécessaires pour gérer leurs règles. Une fille sur dix ne fréquente pas l’école pendant ses menstruations dans la région de l’Afrique subsaharienne, selon une étude de l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture. Cela représente pour ces jeunes filles et femmes une perte de 20 % du temps scolaire annuel. Par conséquent, elles sont parfois contraintes d’abandonner complètement les cours chaque mois dès le début de leurs règles, car la gestion de cette période devient une source de contraintes et de problèmes pour elles, en raison d’un manque d’informations, d’infrastructures adéquates et de produits d’hygiène facilement accessibles.

 

Action Education s’engage pour l’hygiène menstruelle et l’assainissement dans les écoles du Bénin

Au Bénin, de nombreux établissements scolaires sont confrontés à un problème majeur : l’absence de latrines et de points d’eau. Cette situation précaire en termes d’infrastructures sanitaires a un impact direct sur de nombreuses filles lorsqu’elles ont leurs règles, et certaines d’entre elles vont même jusqu’à abandonner leur scolarité. À l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, Action Education met en lumière son projet visant à améliorer l’hygiène et l’assainissement dans les écoles, en réponse à cette problématique. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’eau insalubre et le manque d’hygiène et d’assainissement de base occasionnent chaque année le décès de plus de 525 000 enfants de moins de 5 ans et causent pour de milliers d’autres des problèmes de santé et un retard de développement. Mais les conséquences se font également sentir au niveau scolaire, où les filles, plus impactées en raison des problématiques d’hygiène liées à leurs menstruations, manquent souvent les cours. Malheureusement, au Bénin, l’accès à l’eau potable et la présence d’infrastructures sanitaires sont loin d’être garantis pour la majorité des écoles en zones rurales.

 

Améliorer l’hygiène à l’école via des dispositifs adaptés

Pour changer la situation, le projet d’amélioration de l’hygiène et de l’assainissement dans les écoles au Bénin, mis en œuvre par Action Education en partenariat avec la Fondation Claudine Talon, a été développé au sein de 70 groupes scolaires répartis dans cinq communes (Adjarra, Avrankou, Aguégués, Porto-Novo et Sô-Ava). Bien accueilli par les écoliers, les parents d’élèves, les enseignants et les services déconcentrés de l’éducation, il a permis la réalisation de 87 blocs de latrines et l’installation de 62 postes de lave-mains. Le projet a également favorisé l’accès à l’eau potable par le raccordement direct de 18 écoles et plus de 2300 écoliers ont été sensibilisés aux questions d’hygiène et d’assainissement. Mais, ce sont les filles qui ont été accompagnées plus spécifiquement.

 

Favoriser le dialogue autour des règles avec des “causeries”

L’association identifie les jeunes filles qui ont déjà commencé à avoir leurs premières règles et présente ensuite le projet aux filles des classes de CE et CM. Un aspect essentiel du projet est l’identification de personnes de confiance vers lesquelles les jeunes filles peuvent se tourner pour des questions liées à la santé sexuelle et reproductive ainsi qu’aux règles. Ces personnes sont ensuite formées et peuvent animer des débats, connus sous le nom de « causeries », afin d’échanger avec les filles et de partager des conseils sur la gestion des menstruations, l’hygiène corporelle, et bien d’autres sujets importants. 

 

15,2% des filles ont manqué la classe à cause de leurs règles

En effet, en Afrique, l’éducation sexuelle est souvent taboue et elle l’est davantage en milieu rural. C’est pourquoi l’accompagnement des filles dans la gestion de leur hygiène menstruelle a été un volet important du projet. “J’ai mes menstrues depuis deux ans. Je n’aimais pas en parler car j’avais honte”, explique Carène GBOZO, élève en classe de CM2 à l’École Primaire Publique de Zoungoudo à Ouidah. “J’ai été identifiée avec mes camarades par la personne ressource avec l’aide de l’animatrice d’ Action Education pour bénéficier d’informations et de conseils pour la gestion des menstrues. Je suis maintenant plus à l’aise en classe. Car nous avons reçu beaucoup de conseils venant de l’animatrice et de la maîtresse et si l’une d’entre nous avait ses menstrues à l’école, nous n’avons plus peur ni honte parce que la maîtresse nous aide maintenant à gérer cela. Je remercie l’ONG Action Education pour cette bonne initiative à notre endroit.” 

Une enquête sur la gestion de cette problématique en milieu scolaire dans les communes d’Adjarra, d’Avrankou et de Porto-Novo, a révélé qu’environ 15,2% des filles ont manqué la classe à cause de leurs règles. Les raisons principales de cet absentéisme sont les douleurs au bas-ventre (69%) et les moqueries des camarades (29%). Souvent surprises en classe par les saignements, les filles se retrouvent gênées avec des habits salis tandis que les écoles ne leur offrent aucun cadre pour se nettoyer en toute intimité. Le projet a donc intégré le caractère sexuel dans les plans de construction des blocs de latrines, en offrant un espace réservé aux filles et un autre réservé aux garçons. Cette intimité constitue un gage pour l’égalité et la non-discrimination dans les écoles. Action Education met ainsi l’accent sur l’importance de l’hygiène menstruelle, ce qui a déjà eu des résultats positifs au Bénin, comme présenté lors de la dernière édition de « Parlons éducation » le 22 novembre 2022.

 

Mobiliser l’entourage des jeunes filles pour les conseiller et les rassurer

Pour prendre en charge la question de l’hygiène féminine, des personnes ressources ont été identifiées et formées afin d’orienter les filles vers le dispensaire le plus proche. Ainsi, elles peuvent être examinées par un agent de santé qualifié et l’information peut être transmise aux parents pour qu’ils prennent les dispositions nécessaires. Ces personnes ressources prodiguent aussi des conseils pour une meilleure gestion de cette période, notamment sur les précautions à prendre et le respect strict des mesures d’hygiène. Les mères de famille sont également formées pour la maîtrise de la gestion de l’hygiène menstruelle de leurs filles. Le projet a permis la distribution de 640 kits de serviettes hygiéniques à 325 filles identifiées dans 50 écoles des communes d’Adjarra et de Kogbomè. Désormais, les filles sont informées et conseillées sur les menstruations et ne risquent plus l’abandon scolaire.

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“Nos filles dans les écoles manquent d’informations et ne sont pas bien préparées à la gestion de leurs périodes menstruelles”, témoigne Moudjahidathou ABOU, mère d’élève de Golo-Djibgé, “Certaines filles s’absentent ou même abandonnent les classes à cause des menstrues. C’est cela que je remercie Action Education et la Coopération Suisse pour l’attention accordée aux grandes filles des classes de CE2, CM1 et CM2 ayant déjà eu leurs premières menstrues. Ce sont elles qui abandonnent souvent les classes pour l’apprentissage de la gestion des menstrues. C’est vrai que c’est un peu délicat d’aborder ce sujet avec les enfants surtout nos filles à la maison. Mais avec l’information reçue, je prends l’engagement d’accompagner mes filles et d’être pour elles une sœur à qui elles se confient. Merci au projet AGIR Bénin !”

 

 

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