MAG Junior 2022 – Des enfants et des jeunes roumains, français et bulgares racontent leurs rêves pour demain

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Avec le MAG Junior 2022, Aide et Action souhaite valoriser l’expression des enfants vivant en habitats précaires accompagnés par nos partenaires en Europe : Stea en Roumanie, l’Ecole enchantiée en France et Médecins du Monde en Bulgarie.

Afin de faciliter l’expression et la capacité à se projeter des enfants, nous avons invité nos partenaires à mener des ateliers sur la thématique Racontez-nous vos rêves pour demain avec l’accompagnement artistique de leur choix (metteur en scène, photographe, écrivain, illustrateur, graffeur…).

Vous êtes animateur·trice ou enseignant·e auprès d’enfants de 8/10 ans ? Nous vous proposons d’animer un atelier d’écriture sur la thématique. Racontez-nous vos rêves pour demain à l’instar des rêveurs pour demain du Mag Junior.

 

Roumanie – Les enfants accompagnés par Stea font de leur avenir professionnel un roman-photo.

Carte Roumanie Mag Junior

Depuis 2004, Stea agit à Satu Mare, en Roumanie, pour l’inclusion sociale et scolaire des membres de la population Rom de Sǎtmǎrel, un quartier précaire de la ville. Aide et Action accompagne Stea dans son action depuis 2018.

Pendant quatre mois, les enfants (Sandu, Madalin, Elisei, Luca, Mihaela, Remus, Ziana, Adrian, Eva, Rihana, Erik, Adriana, Diana, Patricia, Ioan, Daniela et Fabian) ont participé à un atelier hebdomadaire pour raconter leurs rêves pour demain. Rapidement, l’idée de mettre en scène un roman-photo est née. Plusieurs intervenants extérieurs sont venus soutenir l’équipe permanente d’éducatrices de Stea. Tout d’abord, Mirela Anghelus, pédagogue dans une école maternelle qui met en place le programme Step by Step, a proposé aux enfants des exercices pour se projeter positivement dans l’avenir et pour construire une histoire. Les enfants, qui participent également à des ateliers de présentation des métiers avec Stea, se sont imaginés dans leur future profession. Ensuite, tout en travaillant à développer leur créativité, le comédien Romul Morutan les a accompagnés dans la mise en scène et le découpage de leur récit.

Ces photos des ateliers en Roumanie ont été réalisées par Tibor Jäger et les illustrations ont été réalisées par Sylvain Baglieri.

France – À l’atelier Plaisir de lire et d’écrire au collège Césaria Evora de Montreuil (93), les enfants accompagnés par l’Ecole enchantiée créent L’Ile de l’égalité.

Carte France Mag Junior

L’Ecole enchantiée s’inspire d’expériences bénévoles et professionnelles autour de la scolarisation d’enfants vivant en situation de grande précarité (bidonville, squat, rue, etc.). Si la scolarisation des enfants est essentielle, sans préparation ni prise en charge globale des besoins des familles, elle aboutit trop souvent à un échec. L’association souhaite apporter aux familles la stabilité d’un local ancré dans la ville (Montreuil) pour leur permettre, à partir d’une approche centrée sur la scolarisation des enfants et en particulier sur l’accompagnement des adolescents vers un projet professionnel, de prendre le temps d’avancer vers une sortie de la précarité. L’Ecole enchantiée réalise également des permanences dans les établissements scolaires où les enfants qu’ils accompagnent sont scolarisés.

L’Ecole enchantiée et Aide et Action ont proposé à des enfants précédemment scolarisés en classe UPE2A de participer à un atelier Plaisir de lire et d’écrire au collège Césaria Evora à Montreuil. Tout d’abord, d’octobre 2021 à février 2022, l’écrivaine jeunesse Isabelle Renaud a prêté main forte à Madame Anin, professeure de Français Langue Seconde (FLS) et à Nicolas Bonnaire, médiateur scolaire de l’Ecole enchantiée pour animer les ateliers. Puis, l’auteur de bandes-dessinées Behemut, qui est aussi assistant d’éducation au collège Césaria Evora, a accompagné les enfants dans la création d’illustrations.

Interview de Behemut

Behemut

 

  • Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Je suis surveillant au collège Cesária Évora et auteur de bande dessinée. j’ai participé au projet avec l’association “L’Ecole Enchantiée”.

  • Comment s’est déroulé votre atelier ? Comment avez-vous travaillé avec les enfants ?

Nous avons travaillé en petits groupes à partir du texte réalisé par les enfants et l’écrivaine. Les enfants ont pu être sensibilisés au dessin et apprendre quelques techniques. Nous avons utilisé des schémas et des photographies trouvées sur internet quand les élèves n’arrivaient pas à se les représenter. Ça a été le cas pour certains objets ou animaux.

  • Que retenez-vous de cette expérience ?

J’ai trouvé cette expérience passionnante. Je connaissais la plupart des élèves, mais pas à travers une activité artistique. Certains se sont montrés un peu hésitants, d’autres ont rapidement appris et ont fait part de qualités indéniables pour le dessin. Globalement, les enfants ont vraiment fait travailler leur imagination et je suis fier du résultat. 

  • Qu’apporte pour vous la démarche artistique dans ce contexte ?

Je trouve qu’elle permet la construction d’un univers. Que ce soit au travers de l’écriture ou du dessin, ces deux disciplines entraînent vraiment l’imagination des enfants.

Depuis 2004, Stea agit à Satu Mare, en Roumanie, pour l’inclusion sociale et scolaire des membres de la population Rom de Sǎtmǎrel, un quartier précaire de la ville. Aide et Action accompagne Stea dans son action depuis 2018.

Pendant quatre mois, les enfants (Sandu, Madalin, Elisei, Luca, Mihaela, Remus, Ziana, Adrian, Eva, Rihana, Erik, Adriana, Diana, Patricia, Ioan, Daniela et Fabian) ont participé à un atelier hebdomadaire pour raconter leurs rêves pour demain. Rapidement, l’idée de mettre en scène un roman-photo est née. Plusieurs intervenants extérieurs sont venus soutenir l’équipe permanente d’éducatrices de Stea. Tout d’abord, Mirela Anghelus, pédagogue dans une école maternelle qui met en place le programme Step by Step, a proposé aux enfants des exercices pour se projeter positivement dans l’avenir et pour construire une histoire. Les enfants, qui participent également à des ateliers de présentation des métiers avec Stea, se sont imaginés dans leur future profession. Ensuite, tout en travaillant à développer leur créativité, le comédien Romul Morutan les a accompagnés dans la mise en scène et le découpage de leur récit.

L’île de l’égalité

Par une nuit froide de l’automne 2263, Madara, quatorze ans, est réveillé par un étrange cauchemar. La gorge sèche, il se lève pour aller boire un verre d’eau. Mais lorsqu’il sort de son lit, surprise ! L’eau froide lui mouille les pieds. Il allume sa lampe de chevet. Une fine couche d’eau de mer recouvre le sol de sa chambre ! Madara va réveiller son père, le gardien de l’île, qui dort dans la cabine voisine. La barbe grise de son père dépasse du drap, et son ventre se soulève au rythme de sa respiration. Madara le secoue.

– Papa ! Papa !

– Quoi ?

– Regarde ! Il y a de l’eau partout !

Le gardien s’habille, et tous deux sortent de la cabine. Ils habitent dans la partie basse de l’île qui ressemble à un sous-marin car elle est immergée. Ils connaissent parfaitement cet endroit car ils y vivent depuis leur naissance. Et leurs parents ont vécu là aussi. Elle est toujours éclairée par des ampoules électriques car elle ne reçoit pas la lumière du soleil. Les rues ressemblent aux couloirs d’un bateau. Il y a des écoles containers, hermétiques, et des maisons qui ressemblent à des cabines. Partout, l’eau a recouvert le sol. Le gardien est affolé. L’île galactique a été conçue pour être étanche et ça n’était jamais arrivé. 

– Il faut prévenir Vlad, le chef de l’île ! dit le gardien à Madara.

Madara n’a jamais rencontré Vlad, le chef de l’île, mais il entend parler de lui depuis qu’il est tout petit. Il sait qu’il a de très grands pouvoirs, qui lui ont permis de faire régner l’ordre sur l’île. Le gardien communique avec lui grâce à un ordinateur. Ils se précipitent tous les deux dans la salle des machines où est installé l’ordinateur. 

– Tu crois que Vlad va pouvoir arrêter l’inondation, papa ?

– Certainement, car il a des pouvoirs surnaturels. Il paraît qu’il peut arrêter l’eau juste avec la main.

– Mais pourquoi on ne l’a jamais vu ?

– C’est une tradition sur cette île. Depuis qu’elle a été créée, il y a deux cents ans, les riches et les pauvres ne se rencontrent jamais.

Cinq heures du matin. Le jour commence à se lever. Chef Vlad, 79 ans, cheveux blancs, chaîne en or autour du cou, est réveillé par un signal d’alarme. Il consulte sa Rollex à son poignet, glisse son appareil auditif derrière son oreille et se dirige vers son bureau. Puis il allume son ordinateur. Un message clignote sur l’écran. « Alerte ! Alerte ! Il y a une fuite ! L’eau est en train d’envahir l’île ! »

Pas d’erreur, ce message vient du gardien de l’île. Aussitôt, Chef Vlad décroche son téléphone et appelle les cinq pilotes de son armée de sous-marins, les Sauvages Ninjas.

– Allez chercher vos sous-marins! On va devoir évacuer l’île.

Puis Vlad envoie un message au gardien par l’ordinateur :

« L’évacuation doit commencer. Je répète : l’évacuation doit commencer. Réveillez tout le monde dans la partie basse. »

Tout en bas, dans la salle des machines, le gardien déchiffre le message de Vlad. Puis il essuie la transpiration sur son front. 

– Je dois aider Chef Vlad à organiser l’évacuation de l’île, explique-t-il à Madara. Et d’abord, déclencher le signal d’alarme pour réveiller tout le monde. 

– Je viens avec toi ! répond Madara. Il faut que l’on comprenne pourquoi…

– Non, va te mettre à l’abri à la base sous-marine, mon fils. Les Sauvages Ninjas ne vont pas tarder. Il faut absolument que tu aies une place à bord, il faut que tu sois sauvé.

Madara sait que ce n’est pas la peine de discuter avec son père. Alors il quitte la salle des machines. Mais, au lieu de se diriger vers la base sous-marine, il prend les escaliers qui descendent tout en bas de l’île. « Il faut que je découvre pourquoi l’île est inondée ! pense-t-il. Si on ne le comprend pas, on ira sur une autre île et le même malheur recommencera ailleurs ! Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Alors que Madara arrive dans le dernier sous-sol de l’île, un bruit d’explosion retentit dans son dos. Il se retourne, inquiet, et court en direction du bruit. Ça vient de cette cabine, là, tout au fond du couloir ! Madara ouvre la porte. Des flammes illuminent la cabine. L’odeur de la fumée est si forte qu’il se met à tousser. Un groupe d’une dizaine de personnes le bouscule pour s’enfuir. Ce sont des pauvres, qui vivent dans les sous-sols de l’île. Madara reconnaît Lucas, un adolescent de douze ans qui va à la même école que lui. Madara l’attrape par la manche.

– Pourquoi vous avez fait ça ?

– On en a marre ! répond Lucas. On ne veut plus qu’il y ait de riches sur l’île !

– Oui mais là, si vous sabotez l’île, on va tous couler ! Et pas seulement les riches !

– Tant pis, on s’en fiche ! C’est la seule solution !

Les flammes commencent déjà à dévorer la cabine. Il faut fuir. Madara remonte les escaliers au milieu de la foule affolée et se dirige vers la base sous-marine où règne un désordre épouvantable. Chef Vlad et son père organisent l’évacuation. Mais la grille qui sépare les riches des pauvres est bloquée, et l’oxygène commence à manquer dans les containers. Donc il faut faire vite. Les premiers Sauvages Ninja sont arrivés et la foule se presse à l’intérieur. 

Madara veut parler à son père mais le gardien n’a pas le temps : 

– Monte dans ce sous-marin mon fils, c’est chef Vlad qui le conduit ! Et Vlad est le meilleur navigateur, il saura vous mener sains et saufs sur une autre île.

C’est ainsi que Madara se retrouve dans un Sauvage Ninja conduit par Chef Vlad, au milieu d’une foule d’inconnus. Ils sont au moins cinq mille, tassés à l’intérieur. Pauvres et riches mélangés, qui se voient pour la première fois. Tous sont choqués. Les riches découvrent ces pauvres mal habillés, avec leurs pantalons déchirés, leurs robes couleur de terre, leurs sweats ou tee-shirts troués. Les pauvres sont surpris par ces riches en costume sombre, dont les femmes portent des robes mi-longues et des bijoux en or. Certains riches sont venus avec leurs animaux domestiques, comme ce jeune homme en gilet bleu qui tient en laisse un tigre. Cela fait peur aux pauvres. Un petit groupe de riches s’est installé à table pour déjeuner, autour d’un plat de bœuf bourguignon, alors que les pauvres ont faim. Certains commencent à protester. La tension monte. 

Pendant ce temps, le sous-marin file au fond de l’océan et des poissons de toutes les couleurs défilent devant les hublots. Mais Madara n’a pas le temps de se mêler aux discussions ou d’admirer le spectacle : il cherche Chef Vlad. Il faut lui parler ! Lui dire ce qu’il a vu ! Madara se dirige vers le cockpit, frappe à la porte, mais personne ne répond. Il frappe plus fort. Toujours rien. Alors il prend son élan et enfonce la porte avec le pied. Chef Vlad est au poste de pilotage, occupé à conduire le sous-marin.

– Que fais-tu ici ? crie-t-il en apercevant Madara. Il est interdit d’entrer dans ce cockpit.

– Je n’avais pas le choix, nous sommes en danger, nous avons besoin de vous !

– Qu’est-ce que tu as ? Pourquoi tu trembles ?

– Ce sont les pauvres qui ont déclenché l’explosion ! Ils ont voulu couler l’île !

– Je ne te crois pas, ce n’est pas vrai !

– Si, si ! Un ami m’a tout expliqué. Les pauvres ont mis le feu à l’île pour que la pauvreté n’existe plus.

– Quelle misère ! soupire chef Vlad. C’est si triste !

– Il faut qu’on se sauve tous ! dit Madara. Il faut qu’on se mette tous d’accord pour faire un truc plus juste !

A ce moment, la conversation entre Chef Vlad et Madara est interrompue par un bruit sourd. Comme un grondement, des bruits de chaises qui volent. Pas de doute, une émeute a éclaté dans le sous-marin. Chef Vlad sort précipitamment du cockpit. Grâce à son pouvoir magique, il arrête une chaise en vol alors qu’elle allait toucher un petit garçon dans la foule.

– Chère population, crie Chef Vlad, je vous en prie, arrêtez tout ! Ecoutez-moi. Les inégalités doivent cesser.

Tout le monde arrête de se battre et le regarde.

– Pourquoi on n’est pas tous égaux ? crie une femme dans la foule.

– Ça va changer, calmez-vous ! Il y a un moyen pour que tout le monde soit heureux. On va reconstruire une île où les pauvres et les riches seront ensemble. Les enfants riches et pauvres iront dans les mêmes écoles, ils ne seront plus séparés.

– Est-ce qu’on aura assez à manger ? hurle un vieil homme. On ne veut plus avoir faim !

– Sur la nouvelle île, on s’y mettra tous ensemble pour cultiver un grand potager. Donc plus personne n’aura faim. Tout le monde apprendra à se connaître et sera mélangé. Tout le monde aura les mêmes richesses, et même des animaux de compagnie.

Deux jours plus tard, ils arrivent sur Extraterric, un grand chapelet d’îles en forme d’escargot. Il y a des chemins de sable doré, des arbres verts, des maisons blanches en forme d’œufs. Chef Vlad demande aux habitants de construire une grande école pour tous les enfants au sommet de la colline. En bas, les habitants cultivent un potager. Extraterric devient une île où les habitants ne connaissent plus la faim. Personne ne vit plus sous l’eau. On se déplace en bateau. Après la mort de Chef Vlad, Madara devient chef de l’île. Le jour de son élection la foule se rassemble devant chez lui et Madara prend la parole. 

– Chers camarades, dit-il. Dans le passé les droits entre pauvres et riches n’étaient pas les mêmes. Mais je vous promets une société plus humaine, sans inégalités. Sur l’île Extraterric, chacun partagera ses richesses. Nous ferons une société dont l’humanité sera fière !

C’est ainsi que Madara, sous les applaudissements, devient le chef d’Extraterric, bientôt surnommée dans le monde entier l’île de l’égalité.

Les rêveurs pour demain, créateurs de la nouvelle L’île de l’égalité et de ses illustrations : Michel CALDARAR, Esau CALIN, Iacov CALIN, Razvan COMANESCU, Sebastian COMANESCU, Andrei ILIE, Izabela IONITA, Mures LACATUS, Esmeralda SAVA, Samuel SILAGH.

Ces illustrations ont été réalisées par les enfants du collège Césaria Evora de Montreuil accompagnés par l’illustrateur Behemut.

Bulgarie – Les enfants de Nadejda accompagnés par Médecins du Monde créent les graffs de l’espoir.

Carte Bulgarie Mag Junior

Les ateliers proposés par les artistes pour contribuer au MAG Junior s’inscrivent dans le projet « Power » de l’association Médecins du Monde Bulgarie, mis en œuvre en partenariat avec Aide et Action et avec le soutien de Megahim AD et la municipalité de Sliven.

En collaboration avec Médecins du Monde Bulgarie, la Fondation Visionary a invité quatre artistes reconnus : Tochka Spot, Mouse, Kokichan et Aleksi Ivanov, à travailler avec nous à l’amélioration de l’environnement urbain du quartier « Nadejda” (« Espoir » en français) dans la ville de Sliven. L’objectif de cette intervention directe est d’éveiller l’imagination, les rêves et le sens de la créativité des enfants du quartier, dont beaucoup vivent dans une grande pauvreté.

En effet, de nombreuses familles n’ont pas accès à l’eau potable et à l’électricité, les rues se transforment en boue lorsqu’il pleut, et en hiver, beaucoup de gens ne peuvent pas chauffer leur maison. Les enfants ne vont pas régulièrement à l’école et il n’y a pas de terrains de jeux ou d’espaces verts dans le quartier. L ui-même est isolé du reste de la ville par un mur en béton et n’a que deux entrées : un passage souterrain pour piétons et une rue menant à un boulevard très fréquenté. Cela contribue encore à la marginalisation symbolique de ses habitants. C’est pourquoi le projet vise à donner de l’espoir et à améliorer les conditions de vie des plus vulnérables en transformant l’environnement et en proposant des ateliers destinés aux enfants et aux adolescents. Ainsi, grâce à l’art, ils peuvent développer leur vision du monde et voir qu’un avenir meilleur est possible.

Interview de Deliana Angelova, cheffe de projet, co-fondatrice du collectif Visionary

Deliana Angelova

  • Comment se sont déroulés les ateliers ? Comment avez-vous travaillé avec les enfants ?

J’ai été impressionnée par l’étonnement des enfants devant les vidéos que nous avons visionnées sur la peinture grand format – peintures murales et street art. J’espère que le changement que nous apporterons avec ce projet leur montrera comment l’art de rue peut transformer.

  • Que retiendrez-vous de cette expérience ?

Un peu de tristesse et beaucoup d’espoir. Je ne pensais pas que nous ferions face à un tel défi pour débloquer l’imagination de certains enfants et cela m’a rendu triste. Cependant, après les ateliers, je pense qu’il y a de l’espoir pour développer le sens visuel des enfants, libérer leur imagination et réaliser leurs rêves. L’expérience la plus forte pour moi reste la promenade dans le quartier. C’était la première fois que je voyais un quartier si pauvre d’aussi près. Je m’en souviendrai certainement.

  • Que vous apporte la démarche artistique dans ce contexte ?

La liberté. Je pense que l’art, placé dans le contexte social du quartier, donne la liberté d’expérimenter et d’appliquer une approche relativement flexible du travail avec les enfants et les jeunes. Il y a un nombre infini de directions qui peuvent être prises en fonction de la façon dont ils réagissent dans le processus. Si une idée ne fonctionne pas, elle peut être immédiatement adaptée ou remplacée. On peut aussi proposer une idée aux enfants pour qu’ils l’interprètent à leur manière, ce qui rend le processus encore plus beau.

Dans la première phase du projet (février-mars 2022), nous avons organisé des ateliers créatifs au cours desquels des enfants d’âges différents ont dessiné, regardé des courts-métrages d’animation, appris différentes techniques de dessin et partagé avec les artistes ce qu’ils aiment et ce dont ils rêvent.

La deuxième étape consiste à peindre le passage souterrain de la voie ferrée, qui est une artère majeure du quartier, le reliant au reste de la ville. À la fin du mois de mai 2022, les artistes, ainsi que les habitants de Nadejda, ont rafraîchit le tunnel de 62 mètres et l’ont transformé en une véritable galerie urbaine de peintures murales contemporaines inspirées des ateliers avec les enfants. L’inauguration du tunnel a lieu le 1er juin 2022.

Le projet vise à changer les attitudes des résidents eux-mêmes ainsi que du reste de la population de Sliven afin de lutter contre les stéréotypes. L’implication des autorités publiques est donc d’une grande importance.

Pour suivre l’actualité des ateliers réalisés en Bulgarie et l’inauguration festive du tunnel le 1er juin 2022, cliquez ici.

Ces photos ont été réalisées par Lina Krivoshieva et Mila Cherneva.

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